Soutenance Nestor Ouoba

Publié le 7 juillet 2024 Mis à jour le 7 juillet 2024

Jugement social et approbation des immigrés africains en France par leurs pairs : le rôle des stratégies d'acculturation et des actions collectives normatives et non-normatives

Date(s)

le 5 juillet 2024

  • Direction : Constantina Badea & Armelle Nugier
  • Etablissement(s) : Paris 10
  • Jury : Constantina BADEA, Armelle NUGIER, Peggy CHEKROUN, Benoit TESTE, Grégory LO MONACO, Serge GUIMOND
  • Résumé : Dans cette thèse de doctorat, nous nous intéressons au jugement social et à l’approbation sociale chez les immigrés africains en France, et les types d’actions collectives normatives (i.e., pacifiques) ou non-normatives (i.e., violentes) qu’ils peuvent soutenir pour améliorer leurs conditions. Nous avons analysé l’impact des stratégies d’acculturation adoptées par les immigrés sur leurs interactions avec leurs homologues de la même origine. En effet, des recherches antérieures ont déjà montré que les stratégies d’acculturation adoptées par les immigrés influencent les attitudes des membres de la société d’accueil envers eux (Nugier et al., 2016). Cependant, peu d’études ont examiné l’incidence de ces facteurs sur les relations entre les immigrés eux-mêmes (Badea et al., 2011). Nos études ont porté sur des immigrés originaires de Madagascar (N = 111) et d’Afrique du Nord (N = 106) suivant leur préférence d’adopter seulement la culture française (assimilation) ou de ne préserver que la culture d’origine (séparation). Conformément à notre hypothèse basée sur le modèle de régulation comportementale d’Ellemers (2017), nous avons observé que lorsqu’un immigré choisit la séparation, ses pairs le considèrent plus moral que compétent ou sociable, la moralité occupant ainsi une primauté sur toutes les autres dimensions. L’effet de congruence sur la moralité était plus prononcé chez les participants qui préféraient l’assimilation et qui évaluaient une cible ayant la même préférence. Ces résultats ont également été observés chez des non-immigrés (N = 266) vivant au Burkina Faso qui ont évalué leurs pairs immigrés burkinabè en France. Concernant l’approbation d’un pair immigré, les résultats ont conforté notre hypothèse. Les immigrés et les non-immigrés ont généralement soutenu leur homologue qui avait choisi la séparation par rapport à celui qui avait préféré l’assimilation. Ce soutien était davantage plus fort lorsqu’il y avait une congruence entre la préférence marquée du participant pour la séparation et celle de la cible pour cette même stratégie. L’étude sur les comportements collectifs de revendication auprès d’immigrés musulmans d’Afrique du Nord (N = 332) vivant en France, a conforté notre hypothèse. Ils soutiennent plus les actions collectives normatives que celles non-normatives. Il y a surtout un effet de congruence entre l’adhésion à des actions violentes du participant et le soutien marqué de la cible pour de telles actions. Ces résultats sont discutés et peuvent contribuer à la prise en compte de plusieurs dimensions autour de la politique migratoire, ainsi que des relations intragroupes et intergroupes.

Mis à jour le 07 juillet 2024